jeudi 26 mai 2016

un livre poétique


Certaines n'avaient jamais vu la mer

Julie Otsuka




Résumé :

Nous sommes en 1919. Un bateau quitte l'Empire du Levant avec à son bord plusieurs dizaines de jeunes femmes promises à des Japonais travaillant aux États-Unis, toutes mariées par procuration.
C'est après une éprouvante traversée de l'Océan pacifique qu'elles rencontrent pour la première fois à San Francisco leurs futurs maris. Celui pour lequel elles ont tout abandonné. Celui auquel elles ont tant rêvé. Celui qui va tant les décevoir.
À la façon d'un chœur antique, leurs voix se lèvent et racontent leurs misérables vies d'exilées... leurs nuits de noces, souvent brutales, leurs rudes journées de travail dans les champs, leurs combats pour apprivoiser une langue inconnue, la naissance de leurs enfants, l'humiliation des Blancs... Une véritable clameur jusqu'au silence de la guerre et la détention dans les camps d' internement – l'État considère tout Japonais vivant en Amérique comme traître. Bientôt, l'oubli emporte tout, comme si elles, leurs époux et leurs progénitures n'avaient jamais existé.

Citation :

Sur le bateau nous étions presque toutes vierges. Nous avions de longs cheveux noirs, de larges pieds plats et nous n’étions pas très grandes. Certaines d’entre nous n’avaient mangé toute leur vie durant que du gruau de riz et leurs jambes étaient arquées, certaines n’avaient que quatorze ans et c’étaient encore des petites filles. Certaines venaient de la ville et portaient d’élégants vêtements, mais la plupart d’entre nous venaient de la campagne, et nous portions pour le voyage le même vieux kimono que nous avions toujours porté – hérité de nos sœurs, passé, rapiécé, et bien des fois reteint. Certaines descendaient des montagnes et n’avaient jamais vu la mer, sauf en image, certaines étaient filles de pêcheur et elles avaient toujours vécu sur le rivage. Parfois l’océan nous avait pris un frère, un père, ou un fiancé, parfois une personne que nous aimions s’était jetée à l’eau par un triste matin pour nager vers le large, et il était temps pour nous, à présent, de partir à notre tour.

Mon avis :

La narration est assez surprenante puisque nous ne suivons pas un personnage mais c'est la voix de toutes ces femmes japonaises arrivées aux Etats-Unis que nous entendons! C'est un peu particulier et déstabilisant au départ mais finalement je m'y suis habituée et j'ai réussi à m'émouvoir sur la vie souvent difficile de toutes ces femmes. A mon avis, on aime ou on aime pas le style. Pour ma part ça a fonctionné. Cette originalité apporte de la poésie et une douceur dans des histoires généralement dures.
Ces femmes ont quitté leur pays pour trouver un mari avec une bonne situation que les marieuses leur ont trouvé. En arrivant, c'est la désillusion et c'est leur quotidien que l'on va suivre avec ce livre. 
Le livre est assez court (environ 150 pages) et il me laisse malheureusement sur ma faim. 
Qu'est-ce qu'il leur arrive après ? Je ne connaissais pas du tout cette part de l'histoire américaine donc je ne m'attendais pas à cette déportation de la population japonaise victime de Xénophobie pendant la seconde guerre mondiale, et contrainte de tout abandonner lors de rafles pour vivre dans des camps dits de relocalisation. (Ça ne vous rappelle rien ?)
J'ai donc fait quelques recherches une fois le livre terminé pour mieux comprendre l'histoire de cette communauté japonaise. Visiblement, seulement 38% des japonais internés étaient des japonais de première génération et donc 62% des japonais de seconde génération. Un acharnement basé sur la peur s'est déversé sur cette population et c'est une tranche de l'histoire qui reste bien méconnue.

J'ai donc apprécié ma lecture et le style a fini par me convaincre. J'ai aimé le parti pris par l'auteur de nous faire entendre ces voix à l'unisson. Mais je regrette cette fin mais qui m'a quand même amenée à faire mes propres recherches pour mieux comprendre.

Ma note : 16/20

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